Afro-tendances 2016 : spa, wellness, beauté.

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Petit condensé des tendances pour le continent africain et sa diaspora en 2016 …et au-delà !  Les 12 afro-concepts spa, wellness et beauté à maîtriser d’urgence !

Authenticité: une certaine Idée de l’Afrique. 

Les clients veulent vivre des expériences authentiques et sont de plus en plus inquiets des aspects durables, bios et locaux.  Ils veulent des actifs et des traitements naturels issus ou inspirés des traditions locales.  En petites touches ou de manière globale, ce souci d’authenticité peut aller jusqu’au choix des matériaux et designers locaux, à l’univers olfactif, à la tenue des praticiens…   En dehors du continent africain, des afro-marques comme Africology ou Terre d’Afrique devraient apporter une touche d’exotisme et de nouveauté aux menus de soins.

Butt-lifting : la chirurgie esthétique des fesses.

L’Afrique est une terre de prédilection pour le tourisme esthétique (low cost).  De nombreuses cliniques esthétiques permettent de jumeler opération, soins wellness et tourisme.  Depuis 2014, la plus grosse progression en termes d’opération est l’augmentation du volume des fesses (+86% par an aux USA, +780% en Afrique du Sud !).  Inspirées par des stars comme Kim Kardashian, Jennifer Lopez, Beyonce, Nicki Minaj, des milliers de femmes ont recours à cette opération.  Plus seulement une clientèle d’occidentaux mais, massivement, des femmes noires de la classe moyenne supérieure.

Cosmétopée et pharmacopée : la science du végétal. 

Si la pharmacopée se définit comme l’ouvrage encyclopédique recensant principalement des plantes à usage thérapeutique, la cosmétopée se veut l’outil qui réunit cette encyclopédie des plantes à usage cosmétique.  Ces sciences font le lien entre la tradition et l’innovation.  En effet, par sa tradition forte d’usage de plantes médicinales dans les gestes du quotidien, l’Afrique a sa carte à jouer dans le recensement et la valorisation scientifique et commerciale des plantes à usage cosmétique et thérapeutique.  La biodiversité africaine a un potentiel énorme auquel la recherche fondamentale et la recherche appliquée s’intéressent au plus haut point.

Halal : certification des produits et des spas.

Longtemps ignorés ou mal compris par les géants de l’industrie cosmétique, les besoins en matière de beauté des femmes musulmanes sont, depuis quelques années, ciblés par une nouvelle vague de marques de niches au succès grandissant.  D’après le Sommet Mondial de l’Economie Islamique qui se tenait à Dubaï le mois dernier, le marché musulman des soins cosmétiques et personnels devrait augmenter de près de 74% d’ici 2020 pour atteindre 80 milliards.  Au-delà des produits, ce sont des spas entiers qui chercheront à recevoir le label halal garantissant que tout ce qui s’y passe correspond à ce qui  est autorisé par la charia, la loi islamique et la «morale musulmane».  Cela passera par le choix des marques (elles même labellisées), des zones spécifiques et distinctes pour hommes et femmes, de la nourriture saine et certifiée halal, du personnel de confession musulmane, des espaces et horaires permettant la pratique de sa foi…

Hot Springs : vertus des eaux chaudes et des boues.

Le thermalisme n’est pas encore énormément développé en Afrique.  Pourtant, de nombreux pays africains disposent de sources d’eau chaude : Algérie, Egypte, Nigéria, Rwanda, Uganda, Zambie, ou encore Afrique du Sud.  Les propriétés minérales et curatives de ces eaux sont un atout indéniable.  De plus, ces eaux s’accompagnent de boues ayant, elles aussi, en enveloppement, des propriétés intéressantes pour la peau et la santé.

Hyperconnexion : jamais sans mon smartphone.

Le mobile et l’accès mobile au web sont le quotidien de la jeunesse  …et des moins jeunes !  Les marques de make-up et le blanchiment dentaire ont connu un véritable boom avec l’avènement du selfie.  Il est d’une importance capitale pour tout acteur du secteur d’intégrer et de maitriser le web dans sa stratégie marketing : site propre, réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Pinterest…), YouTube, online-booking, web-shop, et autres applications (Kcal perdues, géolocalisation, réalité augmentée, bilan de santé…).  Le spa est dans la poche du client, il est important de bien soigner sa storytelling, de produire du contenu intéressant, de communiquer et de gérer sa e-réputation.

Nappy-Spa : le spa du cheveu naturel.

Le terme « Nappy », traduction du mot « crépu » (ou plus poétiquement, contraction de natural happy) est une tendance capillaire forte chez les afropéennes et les afro-américaines.  Un marché colossal estimé à 2,7 milliards de dollars par an.  La sensibilisation à l’importance d’un cheveu naturel de bonne qualité est telle que même les personnes utilisant des extensions soignent de plus en plus leurs cheveux sous leurs mèches et entre deux poses.  Des salons spécialisés, véritables spas du cheveu devraient se multiplier et proposer des soins capillaires intensifs, traitement des alopécies, massages crâniens…

Psammothérapie : sous le sable chaud. 

Pratique ancestrale en Afrique du Nord, la sablo-thérapie consiste à immerger un corps dans le sable chaud du désert pour soulager les rhumatismes, la polyarthrite ou les lombalgies.  Comme dans un sauna, les toxines sont éliminées et les muscles se détendent en profondeur.  Cette pratique se réalise à présent dans certains spa.  Un bac de sable chauffé à 45° permet de recouvrir le corps des curistes avec une épaisseur de quelques centimètres.

Star : le luxe dans un 5 étoiles ou à la belle étoile.

La notion du luxe se réinvente.  Plus que les infrastructures et le menu des soins, le wow-effet sera basé sur l’expérience hors du commun (au propre comme au figuré) vécue par le client.  Pour autant que la qualité du service soit irréprochable et que le client se sente comme un VIP, un spa hôtelier grand luxe pourra se faire concurrencer par un massage loin de toute civilisation, au milieu du désert sous une tente de bédouin ou les pieds dans l’eau de l’Océan Indien.

Super-Food : graines de teff et fruit de baobab.

« Ce qui se fait à l’intérieur se voit à l’extérieur ».  Depuis plusieurs années, on entend parler des bienfaits des super-aliments sur le bien-être, la santé et la beauté de la peau.  L’Afrique aussi compte plusieurs de ces super-héros nutritionnels.  Les graines de Teff, originaires du Yémen et d’Ethiopie sont sans-gluten, riche en calcium et en protéines, en fer, en aminoacides et en fibres.  On entendra aussi beaucoup parler du fruit de Baobab.  Délicieusement acidulé, il contient autant d’antioxydants que les baies de goji, 6 fois plus de vitamine C qu’une orange et de potassium que la banane, 2 fois plus de calcium que le lait, plus de magnésium et de fer que les épinards, des fibres et de la vitamine B.

Ubuntu : l’importance du développement (inter)personnel. 

Le nom Ubuntu vient de la langue Zoulou et signifie ‘Humanité aux autres’.  L’accomplissement de soi passe par la communauté, le lien entre les personnes, l’appartenance au groupe, la gratitude.  En tant qu’individus, il s’agit de mettre ses talents et capacités au service de la communauté humaine et de la Vie.  Etre membre de l’espace fitness du spa aura une autre dimension.  Fini la zen attitude et l’équilibre.  Bonjour à la spiritualité africaine, à l’énergie et à la joie de vivre.

Whitening : une pratique aussi lucrative que tabou. 

Le blanchiment est une pratique qui touche des millions de femmes.  Pour des raisons esthétiques ou sociales, des femmes prennent des risques réels pour éclaircir leur teint, avec un résultat catastrophique à long terme tant physiquement que sur le plan identitaire.   L’éducation à l’estime de soi et l’interdiction légale ne freinent que très peu le phénomène.  Alors, au même titre que l’auto-bronzant qui colore la peau sans les effets nocifs du soleil, face à ce marché gigantesque, celui qui trouvera une formule de soin efficace, rapide, spectaculaire, accessible et sans aucun danger pour la santé gagnera des milliards de dollars !  Cette thématique est au cœur des salons professionnels et devra encore l’être cette année.

Peut-on être « pour » le blanchiment de la peau ?

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Eclaircir sa peau.  Comment même l’évoquer sans s’attirer les foudres des afro-féministes, des dermatologues, des sociologues  ou même des Nappy girls ?  Loin d’être une particularité africaine, le blanchiment est une pratique qui touche aussi des millions de femmes asiatiques (de l’Inde au Japon).  Paradoxalement, c’est un sujet quasi tabou chez celles et ceux qui ont recours à ces crèmes, savons et autres injections !

Mélanine et tyrosinase : au cœur de la pigmentation. 

Pourquoi la peau est-elle foncée ?  Contenus dans les mélanocytes du derme, les mélanosomes renferment des grains de mélanine, un pigment foncé.  Sous l’action d’une enzyme, la tyrosinase, les mélanosomes sont envoyés depuis les mélanocytes vers les kératinocytes où ils colorent les couches supérieures de la peau.  Les peaux noires, génétiquement programmées pour évoluer dans un milieu ensoleillé, contiennent des mélanosomes en nombre et taille plus importants.  Cet afflux de mélanine protège nos cellules contre les effets nocifs des rayons UV du soleil.

Pour blanchir la peau, on inhibe le processus de mélanogénèse en supprimant l’action de la tyrosinase grâce à des principes actifs mélanobloquants tels que :  l’Hydroquinone (interdite en Europe, et, de plus en plus, en Afrique aussi), l’acide kojique, l’acide azelaïque , la glabridine, l’arbutine…

Pourquoi se blanchir la peau ?

La raison principale invoquée est la question esthétique.  En effet, d’une part, le modèle de beauté universellement diffusé est celui d’une femme à la peau claire.  D’autre part, les peaux foncées présentent souvent des taches d’hyperpigmentation que l’on veut atténuer pour harmoniser son teint.

Au-delà de cela, il y a surtout une raison sociale à cette volonté de blanchiment de la peau.  Dans un contexte postcolonial et de discrimination raciale, avoir la peau claire (et/ou des cheveux lisses et/ou blonds et/ou des yeux clairs)  est associé à la réussite sociale, professionnelle et amoureuse.

Se blanchir jusqu’à y laisser sa peau.

Pourtant, utiliser des crèmes éclaircissantes est risqué en bien des points.

  • Dangers pour la santé : la fonction protectrice de la peau est supprimée. On voit apparaitre des cas de cancer de la peau chez les femmes africaines.  Les produits contenant de la cortisone peuvent provoquer  une hypertension artérielle, une insuffisance rénale, un diabète, la perturbation du cycle menstruel ou encore des problèmes osseux…
  • Un résultat souvent fort inesthétique : dépigmentation irrégulière « en confettis », hyperpigmentation (visage, main, coudes, genoux), vergetures, acné, poils, odeurs corporelles nauséabondes…
  •  La double dépendance : impossibilité d’arrêter l’application des produits. D’une part, on constate une dépendance physique aux corticoïdes dont l’arrêt provoque une sensation d’anxiété, de dépression, d’envies suicidaires.  D’autre part, le fait d’arrêter fait refoncer la peau presque du jour au lendemain.
  • Problèmes psychologiques et identitaires: les femmes utilisant des produits éclaircissant éprouvent parfois un lourd sentiment de culpabilité car  se blanchir équivaut à dire à la communauté qu’elles ont honte d’être Noire.  Elles ont le sentiment de tourner le dos à qui elles sont, à leur famille, à leurs racines, à leur culture.  Certaines, pour s’intégrer, vont jusqu’à appliquer des produits sur leurs jeunes enfants ! Et malgré tous ces « efforts » pour modifier sa couleur de peau, elles n’en restent pas moins Noires.
  • Coûts : le budget consacré à l’achat des produits n’est pas négligeable.

Vers une loi d’interdiction totale…

Alors, compte tenu de tous ces dangers, pourquoi ne pas carrément interdire tous les produits éclaircissants ? En Europe, aux USA et en Afrique, la législation interdit depuis plusieurs années l’utilisation de certains actifs éclaircissants, notamment l’hydroquinone.  On la retrouve néanmoins toujours dans de nombreux produits dont les emballages ne donnent que très peu d’informations (actifs, concentrations, origine…).

Concernant une interdiction totale, certains spécialistes avancent que cela pourrait être contre-productif. Cela pousserait les consommateurs vers des produits frauduleux ou des  préparations artisanales bon marché, comme la Javel qui sont bien pires encore !

… ou vers une pratique encadrée par des médecins?

Entre vraie réponse thérapeutique et segment de marché lucratif, les dermatologues et les médecins esthétiques se sont aussi positionnés en interlocuteur crédible sur la question du blanchiment de la peau.

Ils ont tout d’abord un rôle curatif car atterrissent chez eux toutes les peaux meurtries par des années de pratique du blanchiment.  Ils proposent des soins réparateurs puis traitant au laser ou à base de peelings chimiques et mécaniques.

Ils ont ensuite des techniques d’éclaircissement plus invasives et au résultat plus uniforme, notamment avec l’injection en intraveineuse de solutions mélanobloquantes, par exemple, le glutathion, un antioxydant puissant (initialement pour traiter la maladie de Parkinson).   Cette technique est excessivement chères et potentiellement dangereuses (systèmes digestif et nerveux).

 Entre ces deux extrêmes : les acteurs du secteur cosmétique. 

Une multitude de marques africaines, afro-américaines ou afropéennes vendent des cosmétiques sous forme de savons, de crèmes pour le corps et le visage, de sérums, de compléments alimentaires…  Au mieux, un éclaircissement léger et des actifs qui jouent d’avantage sur le renouvellement cellulaire et l’éclat du teint.  Au pire, des crèmes ultra-nocives qui détruisent la peau des utilisateurs.

Les marques généralistes (tel L’Oréal) sont assez frileuses dans ce domaine.  A l’heure du politiquement correct et de la « beauté globale », il est éthiquement difficile de s’aventurer sur le terrain racial du blanchiment.  On parlera plus volontiers de soin « éclat » que de « blanchiment ».

Pourtant, au même titre que l’auto-bronzant ou le spray-tan (douche auto-bronzante) qui colorent la peau sans les effets nocifs du soleil,  face à ce marché gigantesque, celui qui trouvera une formule de soin efficace, rapide, spectaculaire, accessible et sans aucun danger gagnera des milliards de dollars. !

La troisième voie : l’estime de soi et le bon sens. 

Face à tout cela, la voie la plus sage est encore de miser sur l’éducation.  L’éducation face aux dangers du blanchiment.  L’éducation à l’esprit critique face au matraquage publicitaire de l’industrie des cosmétiques ou du show-business.  Et surtout, l’éducation à l’estime de soi.  S’aimer telle que l’on est et prendre soin de sa peau afin de la préserver le plus longtemps possible.

Pour terminer, quelques conseils simples pour une belle peau : la nettoyer quotidiennement, exfolier les cellules mortes régulièrement, se protéger du soleil, s’hydrater, la sublimer avec des cosmétiques naturels de qualité.

 

VIDEO: voici pour terminer un excellent reportage du Magazine de la Santé sur France 5 traitant du sujet.