Beauté minérale: le diamant (série 1/3).

Diamant de beauté Carita

Notre Dictionnaire Cosmétique des Actifs et Rituels de Beauté d’Afrique (disponible sur Amazon) vient d’être mis à jour avec l’ajout d’un chapitre et de fiches consacrés à la beauté minérale.  Découvrez les étonnants bienfaits de  la gemmo-cosmétique et de la lithothérapie.   Quand les minerais et les pierres (semi) précieuses d’Afrique prennent soin de notre peau et de notre âme.

Composé de carbone pur, le diamant fait partie des quatre pierres précieuses. Bien connu dans des tons de couleur blanche et transparente, il existe aussi en différentes couleurs (jaune, noir, rose, bleu, vert… Il est utilisé en joaillerie mais également dans l’industrie (considéré comme le plus dur des matériaux naturels) et en cosmétique de luxe. Le diamant est extrait essentiellement d’Afrique Centrale à Australe.

 

L’éclat du teint grâce au pouvoir soft focus.

Réfléchissant fortement la lumière, les particules de diamant se logent dans le creux des rides et en atténuent visiblement la profondeur en réfléchissant la lumière. C’est l’effet soft-focus parfait du maquillage et des soins pro-jeunesse pour lisser les imperfections.

Dureté et douceur.

Considéré comme le matériaux naturel le plus dur au monde, le diamant, une fois réduit en poudre très fine peut être incorporée dans les scrubs pour une exfoliation mécanique ultra puissante.

Les pierres qui soignent.

En lithothérapie, le diamant est à la fois un amplificateur de vos propres capacités. Pierre de lumière, elle donne force, courage, créativité, clairvoyance… Il protège également des énergies négatives extérieures, le stress des autres ou les courants électromagnétiques.

 

 

(c) Carita

12 faits que vous ignorez à propos de l’industrie cosmétique en Afrique.

cosmétique afrique

Bon, si vous êtes un fidèle lecteur de notre blog, vous en savez déjà pas mal sur le sujet 😉 Cet article est une traduction libre de l’excellent résumé de Peter Pedroncelli : “12 Things You Don’t Know About The Cosmetics Industry In Africa”.

Portée par la montée en puissance de la classe moyenne, l’industrie cosmétique émerge en Afrique, ce qui, par définition, offre de belles opportunités. Si les grandes marques se sont implantées progressivement sur ce marché, les entrepreneurs locaux et la diaspora africaine y développent des business qui sont, pour certaines, de véritables success stories. Un marché encore modeste mais dont la vitesse de croissance ne cesse d’accélérer.

1)      Une industrie qui vaut des milliards.

On estime le volume de l’industrie cosmétique sur le continent africain à globalement 460$ milliards. Et ce montant pourrait grimper à 675$ milliards en 2020. Avec une croissance exceptionnelle et continue attendue pour les années à venir

2)      Un marché émergeant grâce à la classe moyenne.

Les segments des classes sociales moyennes et supérieures grandissent, attirant les marques cosmétiques leaders du marché mondial. Ces 30 dernières années, le nombre de ménages faisant partie de la classe moyenne a tout bonnement triplé, boostant la demande pour les cosmétiques.

3)      Trois pourcents du marché global.

Le marché global est largement dominé par l’Asie (36%), l’Amérique du Nord (24%) et l’Europe de l’Ouest (20%). L’Afrique ne représente que 3% ! Mais trois petits pourcents qui en font une région à fort potentiel de croissance.

4)      Une cible pour les marques globales.

On attend du marché africain qu’il double dans les 10 années à venir, soit une progression de 5 à 10% de croissance annuelle pour les produits d’hygiène et de beauté. C’est pour ces raisons que les marques globales telles quel L’Oréal, Procter and Gamble ou Unilever s’intéressent de près à l’Afrique et mettent en place des stratégies pour pénétrer le marché et se positionner au mieux.

5)      Les marques globales sont déjà plus présentes que les marques locales.

Le paysage local est déjà, à ce jour, dominé par les géants que sont les groups Unilever, L’Oréal et Estée Lauder. Des marques qui investissent beaucoup et créent des divisions locales pour être massivement présentes.

6)      Les marques internationales implantent des centres de R&D.

L’Oréal a récemment ouvert son premier centre de recherche, développement et innovation en Afrique du Sud afin de développer des produits au plus proche des attentes des consommateurs locaux.

7)      Des success stories africaines.

De nombreuses marques africaines sont de réelles succès story à l’échelle du continent. Mieux, elles s’exportent à présent aussi à l’international. C’est le cas d’Africology, la marque de niche développée par Renchia Droganis qui composait ses cosmétiques dans sa cuisine et qui est à présent vendue à travers le monde, générant un chiffre d’affaires de $1 million par mois.

8)      S’adapter au marché avec des packaging plus petits.

Une des stratégies employée par les marques cosmétique opérant sur le continent africain est de réduire la taille des cosmétiques afin de pouvoir proposer des produits moins chers et donc accessibles à un plus grand nombre de clients.

9)      Des soins anti-âge différents.

C’est dans ces centres de recherche que l’on s’est rendu compte que la préoccupation “anti-âge” majeure des peaux foncées est l’uniformité du teint (atténuer l’hyperpigmentation et les taches foncées) bien avant l’effacement des rides.

10)   Les actifs africains au coeur des cosmétiques occidentaux.

Les actifs africains sont de plus en plus étudiés et de plus en plus nombreux dans la liste des actifs utilisés par les marques occidentales. L’efficacité et les bénéfices du beurre de karité, du rooibos, des huiles d’argan et de marula ne sont à présent plus à démontrer.

11)   L’Afrique du Sud et le Nigéria sont les plus gros marches.

Selon un rapport d’Euromonitor datant déjà de 2012, l’Afrique du Sud et le Nigéria sont les deux plus gros marchés africains pour les cosmétiques et produits d’hygiène. Le Kenya, le Ghana et l’Ethiopie sont les marchés les plus dynamiques ensuite. Loin devant l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, dont la consommation se fait encore davantage avec les produits traditionnels locaux (et aux modes de distribution informels) qui échappent aux statistiques.

12)   Le climat comme challenge autant que comme opportunité.

La majeure partie de l’Afrique subit des températures extrêmement élevées et un taux d’humidité qui l’est tout autant. Cet aspect est naturellement à prendre en compte par les firmes lors de la conception des produits pour le marché africain. Le maquillage notamment (fond de teint, rouge à lèvre ou mascara), doit être plus résistant et les formulations, les galéniques et/ou les packagings doivent être adaptés.

 

© Photo:The SuzieBe   auty counter at Junction Shopping Mall in Nairobi. Photo: Sven Torfinn/International Herlad Tribune/nytimes

Bien-Etre: les Africains ont-ils un gène du bonheur?

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AYO. En yoruba (dialecte nigérian), cela signifie la JOIE.  La joie de vivre est notre capacité à nous réjouir sans condition d’être soi et d’être vivant.  C’est une énergie puissante qui nous pousse en avant et qui nous rend capable de faire face aux aléas de la vie et à la souffrance.  Elle est un sentiment de bien-être psychologique face à sa propre existence.  Et ce sentiment de bien-être est un des facteurs principaux de la santé physique et mentale.  Une porte d’entrée vers le bonheur.  Mais cette image d’Épinal d’une joie de vivre qui caractériserait les Africains a-t-elle une réelle base culturelle, voire une origine génétique ?

La joie de vivre, quoi qu’il arrive. 

Cela pourrait être un cliché aussi grand qu’un sourire, mais pas tant que ça.  La joie de vivre est un sentiment très présent en Afrique, même s’il n’est pas théorisé comme en Occident.  Et il y a des dizaines de raisons et d’attitudes qui font que les Africains ont une réelle joie de vivre, malgré la situation économique, sociale, sanitaire ou politique dans laquelle ils se trouvent.  Cela fera l’objet de prochains articles mais citons, notamment la force rassurante de la communauté où chacun se soucie de l’autre ;  un sens aigu de l’hospitalité et de la fête ;  le tout dans un fatalisme mâtiné d’optimisme.

Le gène du bonheur est isolé. 

En avril dernier, on pouvait lire que des scientifiques de l’Université libre d’Amsterdam avaient découvert le gène du « bonheur’ humain”   en isolants certaines parties du génome correspondant au bonheur …et à la dépression.  Ainsi, dans le système nerveux central se trouveraient les «allèles» (différentes versions d’un même gène) du bonheur. Elles se logeraient aussi dans les glandes surrénales et le système pancréatique.  Complétée par une étude sur l’environnement culturel des patients, l’étude, portant sur près de 300.000 personnes, pourrait à l’avenir expliquer génétiquement en quoi le bonheur est perçu différemment d’une personne ou d’une culture à l’autre.

 Dépression et suicide : l’Afrique aussi est touchée. 

Mais loin de cette image idéalisée d’une Afrique souriante, on assiste, en Afrique comme ailleurs, à des formes de dépressions de stades divers, allant jusqu’au suicide.  La prise en charge de la santé mentale n’est pas systématique en Afrique. Loin de là.

En prenant en compte le patient dans sa totalité, avec sa culture et ses croyances, les tradipraticiens et les guérisseurs pouvaient encore assurer la prise en charge de certains troubles liés à la dépression.   Mais la montée des problèmes liés à l’urbanisation et au mode de vie moderne provoque de profondes mutations socio-économiques et culturelles qui engendrent  isolement, stress, toxicomanies… S’y ajoutent les états de stress post-traumatique qui sont courants chez les victimes de catastrophes naturelles, de guerres, d’exil…  Et dans ces conditions, il faut une sacrée joie de vivre pour continuer à avancer.

Afro-tendances 2016 : spa, wellness, beauté.

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Petit condensé des tendances pour le continent africain et sa diaspora en 2016 …et au-delà !  Les 12 afro-concepts spa, wellness et beauté à maîtriser d’urgence !

Authenticité: une certaine Idée de l’Afrique. 

Les clients veulent vivre des expériences authentiques et sont de plus en plus inquiets des aspects durables, bios et locaux.  Ils veulent des actifs et des traitements naturels issus ou inspirés des traditions locales.  En petites touches ou de manière globale, ce souci d’authenticité peut aller jusqu’au choix des matériaux et designers locaux, à l’univers olfactif, à la tenue des praticiens…   En dehors du continent africain, des afro-marques comme Africology ou Terre d’Afrique devraient apporter une touche d’exotisme et de nouveauté aux menus de soins.

Butt-lifting : la chirurgie esthétique des fesses.

L’Afrique est une terre de prédilection pour le tourisme esthétique (low cost).  De nombreuses cliniques esthétiques permettent de jumeler opération, soins wellness et tourisme.  Depuis 2014, la plus grosse progression en termes d’opération est l’augmentation du volume des fesses (+86% par an aux USA, +780% en Afrique du Sud !).  Inspirées par des stars comme Kim Kardashian, Jennifer Lopez, Beyonce, Nicki Minaj, des milliers de femmes ont recours à cette opération.  Plus seulement une clientèle d’occidentaux mais, massivement, des femmes noires de la classe moyenne supérieure.

Cosmétopée et pharmacopée : la science du végétal. 

Si la pharmacopée se définit comme l’ouvrage encyclopédique recensant principalement des plantes à usage thérapeutique, la cosmétopée se veut l’outil qui réunit cette encyclopédie des plantes à usage cosmétique.  Ces sciences font le lien entre la tradition et l’innovation.  En effet, par sa tradition forte d’usage de plantes médicinales dans les gestes du quotidien, l’Afrique a sa carte à jouer dans le recensement et la valorisation scientifique et commerciale des plantes à usage cosmétique et thérapeutique.  La biodiversité africaine a un potentiel énorme auquel la recherche fondamentale et la recherche appliquée s’intéressent au plus haut point.

Halal : certification des produits et des spas.

Longtemps ignorés ou mal compris par les géants de l’industrie cosmétique, les besoins en matière de beauté des femmes musulmanes sont, depuis quelques années, ciblés par une nouvelle vague de marques de niches au succès grandissant.  D’après le Sommet Mondial de l’Economie Islamique qui se tenait à Dubaï le mois dernier, le marché musulman des soins cosmétiques et personnels devrait augmenter de près de 74% d’ici 2020 pour atteindre 80 milliards.  Au-delà des produits, ce sont des spas entiers qui chercheront à recevoir le label halal garantissant que tout ce qui s’y passe correspond à ce qui  est autorisé par la charia, la loi islamique et la «morale musulmane».  Cela passera par le choix des marques (elles même labellisées), des zones spécifiques et distinctes pour hommes et femmes, de la nourriture saine et certifiée halal, du personnel de confession musulmane, des espaces et horaires permettant la pratique de sa foi…

Hot Springs : vertus des eaux chaudes et des boues.

Le thermalisme n’est pas encore énormément développé en Afrique.  Pourtant, de nombreux pays africains disposent de sources d’eau chaude : Algérie, Egypte, Nigéria, Rwanda, Uganda, Zambie, ou encore Afrique du Sud.  Les propriétés minérales et curatives de ces eaux sont un atout indéniable.  De plus, ces eaux s’accompagnent de boues ayant, elles aussi, en enveloppement, des propriétés intéressantes pour la peau et la santé.

Hyperconnexion : jamais sans mon smartphone.

Le mobile et l’accès mobile au web sont le quotidien de la jeunesse  …et des moins jeunes !  Les marques de make-up et le blanchiment dentaire ont connu un véritable boom avec l’avènement du selfie.  Il est d’une importance capitale pour tout acteur du secteur d’intégrer et de maitriser le web dans sa stratégie marketing : site propre, réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Pinterest…), YouTube, online-booking, web-shop, et autres applications (Kcal perdues, géolocalisation, réalité augmentée, bilan de santé…).  Le spa est dans la poche du client, il est important de bien soigner sa storytelling, de produire du contenu intéressant, de communiquer et de gérer sa e-réputation.

Nappy-Spa : le spa du cheveu naturel.

Le terme « Nappy », traduction du mot « crépu » (ou plus poétiquement, contraction de natural happy) est une tendance capillaire forte chez les afropéennes et les afro-américaines.  Un marché colossal estimé à 2,7 milliards de dollars par an.  La sensibilisation à l’importance d’un cheveu naturel de bonne qualité est telle que même les personnes utilisant des extensions soignent de plus en plus leurs cheveux sous leurs mèches et entre deux poses.  Des salons spécialisés, véritables spas du cheveu devraient se multiplier et proposer des soins capillaires intensifs, traitement des alopécies, massages crâniens…

Psammothérapie : sous le sable chaud. 

Pratique ancestrale en Afrique du Nord, la sablo-thérapie consiste à immerger un corps dans le sable chaud du désert pour soulager les rhumatismes, la polyarthrite ou les lombalgies.  Comme dans un sauna, les toxines sont éliminées et les muscles se détendent en profondeur.  Cette pratique se réalise à présent dans certains spa.  Un bac de sable chauffé à 45° permet de recouvrir le corps des curistes avec une épaisseur de quelques centimètres.

Star : le luxe dans un 5 étoiles ou à la belle étoile.

La notion du luxe se réinvente.  Plus que les infrastructures et le menu des soins, le wow-effet sera basé sur l’expérience hors du commun (au propre comme au figuré) vécue par le client.  Pour autant que la qualité du service soit irréprochable et que le client se sente comme un VIP, un spa hôtelier grand luxe pourra se faire concurrencer par un massage loin de toute civilisation, au milieu du désert sous une tente de bédouin ou les pieds dans l’eau de l’Océan Indien.

Super-Food : graines de teff et fruit de baobab.

« Ce qui se fait à l’intérieur se voit à l’extérieur ».  Depuis plusieurs années, on entend parler des bienfaits des super-aliments sur le bien-être, la santé et la beauté de la peau.  L’Afrique aussi compte plusieurs de ces super-héros nutritionnels.  Les graines de Teff, originaires du Yémen et d’Ethiopie sont sans-gluten, riche en calcium et en protéines, en fer, en aminoacides et en fibres.  On entendra aussi beaucoup parler du fruit de Baobab.  Délicieusement acidulé, il contient autant d’antioxydants que les baies de goji, 6 fois plus de vitamine C qu’une orange et de potassium que la banane, 2 fois plus de calcium que le lait, plus de magnésium et de fer que les épinards, des fibres et de la vitamine B.

Ubuntu : l’importance du développement (inter)personnel. 

Le nom Ubuntu vient de la langue Zoulou et signifie ‘Humanité aux autres’.  L’accomplissement de soi passe par la communauté, le lien entre les personnes, l’appartenance au groupe, la gratitude.  En tant qu’individus, il s’agit de mettre ses talents et capacités au service de la communauté humaine et de la Vie.  Etre membre de l’espace fitness du spa aura une autre dimension.  Fini la zen attitude et l’équilibre.  Bonjour à la spiritualité africaine, à l’énergie et à la joie de vivre.

Whitening : une pratique aussi lucrative que tabou. 

Le blanchiment est une pratique qui touche des millions de femmes.  Pour des raisons esthétiques ou sociales, des femmes prennent des risques réels pour éclaircir leur teint, avec un résultat catastrophique à long terme tant physiquement que sur le plan identitaire.   L’éducation à l’estime de soi et l’interdiction légale ne freinent que très peu le phénomène.  Alors, au même titre que l’auto-bronzant qui colore la peau sans les effets nocifs du soleil, face à ce marché gigantesque, celui qui trouvera une formule de soin efficace, rapide, spectaculaire, accessible et sans aucun danger pour la santé gagnera des milliards de dollars !  Cette thématique est au cœur des salons professionnels et devra encore l’être cette année.

Cosmétiques : les géants du secteur ciblent les afro-marchés

Le leader mondial L’Oréal en tête, les acteurs du cosmétique entendent profiter d’un marché en maturation en Afrique et dans la diaspora.

Panafrican Beauty

Lorsqu’elle a lancé son blog de beauté il y a sept ans, Fatou N’Diaye n’imaginait pas en vivre un jour. Son site, BlackBeautyBag.com, est aujourd’hui une référence. « J’ai commencé à bloguer en 2007, car il était très difficile de trouver des informations sur les besoins spécifiques des peaux noires et des cheveux crépus. Depuis trois ou quatre ans, l’offre de cosmétiques spécialisés explose enfin en France », témoigne-t-elle. Plus besoin de s’approvisionner aux États-Unis ni dans les boutiques du quartier Château-d’eau à Paris, ou même sur certains sites internet où les risques de tomber sur des contrefaçons et des produits importés périmés sont pointés du doigt. Il suffit désormais de se rendre dans un Sephora, un Marionnaud ou même au supermarché pour constater que des espaces, également appelés corners, déploient une large palette de fonds de teint et autres produits de soins du corps et du visage dédiés aux populations noires et métissées.

Comment le marché s’est-il consolidé ?

Cet afro-marché a d’abord émergé grâce à de petites marques spécialisées, 100 % identitaires. En France, la gamme de maquillage flashy Black Up, créée en 1999 par un maquilleur d’origine ivoirienne, a été la première à se lancer. Phyto Specific se consacre de son côté depuis quinze ans à la recherche sur les cheveux frisés et crépus. Désormais, ces précurseurs de ce segment de niche sont concurrencés par les poids lourds du secteur. Ils ont comme nom Channel, Estée Lauder, Clinique, Clarins, L’Oréal ou Klorane. « D’autres marques mainstream vont encore se lancer », confie Didier Mandin, directeur associé de l’agence de conseil Aka. En effet, sur un marché saturé, les consommatrices à la peau d’ébène possèdent un pouvoir d’achat inespéré. Les fabricants estiment en effet que les femmes noires et métisses consomment trois à cinq fois plus que celles dites de type caucasien. Les raisons sont d’abord culturelles. « En Afrique, s’occuper de soi est une question de politesse », note Fatou N’Diaye. D’abord échaudées par des produits cosmétiques qui ne répondent pas à leurs attentes, ces consommatrices sont devenues de véritables expertes en la matière. Les blogs, les sites et les chaînes YouTube traitant des questions de soins de beauté concernant les femmes noires se sont multipliés sur Internet. Une mine d’informations s’est ainsi constituée qui a attiré l’attention des marques et leur a permis de s’adapter.

La bonne stratégie a mis du temps à se mettre en place

La France, comme l’Europe, rattrape son retard par rapport aux États-Unis où l’afro-marché s’est développé depuis plus de vingt ans. « Les leaders ont longtemps hésité sur la stratégie à adopter. Ils se sont demandé s’ils devaient faire des extensions de leurs couleurs ou racheter une petite marque spécifique », observe Lionel Durand, directeur général de Black Up. Du côté du marketing, les premières marques lancées sur le segment se sont longtemps montrées timides. Elles mettaient en avant des égéries au teint clair qui répondaient plus aux stéréotypes occidentaux. En matière de termes, c’est l’ambiguïté qui a prévalu. Ces produits étaient pour des peaux « mates » et des cheveux « bouclés » ou « méditerranéens ». « Les marques pensaient que les mots « crépus » et « noirs » étaient péjoratifs et se montraient frileuses pour assumer un marketing direct. Elles ont fini par comprendre que ça ne fonctionnait pas », relève Didier Mandin. Avec le rachat en 1998 et 2000 des marques Softsheen et Carson, dont l’entité fusionnée est devenue leader du capillaire afro, L’Oréal a montré la voie en instaurant un virage à 180 degrés.

Le potentiel du marché africain pris en compte

Avec l’émergence d’une classe moyenne et la forte démographie, le continent africain fait de l’oeil aux géants du cosmétique. « Un marché évalué à 6,93 milliards d’euros en 2012 et qui progresse d’environ 10 % par an, contre à peine 4 % pour le marché mondial », selon le World Retail Congress Africa 2013. « Notre ambition est de faire de L’Oréal le premier groupe de beauté en Afrique subsaharienne », a récemment annoncé Geoff Skingsley, directeur général de la zone Afrique et Moyen-Orient du groupe. Sites de production, plateformes commerciales, laboratoires, le mastodonte ne lésine pas sur les investissements. Pour séduire cette clientèle, il a aussi racheté en 2013 la marque kenyane Interbeauty.

Le numéro un sur le continent reste cependant Unilever avec un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, tandis que Procter & Gamble revendique la place de troisième challenger. Et les petites marques ne sont pas en reste. Black Up, déjà présente dans 23 pays africains, prévoit que ses ventes sur le continent passeront de 20 à 40 % de son chiffre d’affaires d’ici trois ans. « Le marché reste néanmoins concentré sur les pays qui présentent une forte croissance économique et sont politiquement stables », nuance Lionel Durand. Afrique du Sud, Nigeria, Kenya et Angola sont donc les plus prisés, tandis que le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire commencent à voir les réseaux de distribution s’organiser.

Sur un continent où les centres commerciaux sont encore rares, la distribution reste le principal défi. Le mobile est une piste pour développer un réseau alternatif. Mais là encore, pour s’emparer de ce pouvoir d’achat, les marques vont devoir innover.

Article par , Le Point Afrique