Aloe Ferox et tamarin : les actifs « hydra-minceur ».

aloe ferox

En période de forte chaleur, les pertes insensibles en eau et la transpiration augmentent significativement. C’est aussi la saison des tenues plus légères et des activités de plein air. L’été, nous avons donc des besoins accrus en hydratation et, souvent, des envies de minceur.

Un seul actif pour deux objectifs.

Hydrater une peau assoiffée.

Pour maintenir un bon taux d’hydratation, il faut à la fois augmenter ses apports en eau (en buvant et en appliquant des cosmétiques) et empêcher son évaporation (restaurer la fonction barrière de la peau).
Le flux hydrique est indispensable aux bons échanges à l’intérieur des différentes couches de la peau. Une peau bien hydratée apporte un confort quotidien, prévient les signes visibles de vieillissement cutané et empêche la peau de briller.

Affiner la silhouette.

Pour affiner la silhouette, une bonne hygiène de vie est nécessaire. Cela passe par manger sainement, faire du sport, bien dormir et, bien entendu, soigner sa peau. Les actifs cosmétiques et leur application en massage permet de jouer à la fois sur la réduction des amas adipeux, le drainage des liquides et la fermeté de la peau. Trois actions indispensables et synergiques.

L’Aloe Ferox : pour rester jeune et mince.

Poussant jusqu’en bordure du désert du Karoo (au Sud du Kalahari), l’aloe ferox est un trésor de la botanique sud-africaine. Cette plante impressionnante (elle peut mesurer jusqu’à trois mètres de haut) ne pousse qu’à l’état sauvage, dans un sol sablo-limoneux, en plein soleil.
Les feuilles de l’aloe ferox donnent deux sèves différentes. Une première, jaune, amère est utilisée comme diurétique. Mélangée à la pulpe des feuilles, elle est ingérée et produit un effet détox.

La seconde sève extraite de l’aloe ferox est un gel blanc, utilisée dans les soins de la peau. L’aloe ferox présente une concentration très dense en vitamines, oligo-éléments, acides aminés, enzymes… Il hydrate la peau intensément, stimule la synthèse du collagène et participe activement au processus de renouvellement cellulaire et de cicatrisation.

Tamarin : l’acide hyaluronique végétal.

Le tamarin est le fruit du tamarinier (Tamarindus indica). C’est un fruit tropical originaire d’Inde mais sa présence est attestée sur l’Ile de la Réunion dès 1700 et en Afrique. Ses gousses de couleur marron, sont consommées de multiples façons. C’est en effet un super-aliment contenant une multitude de vitamines et de minéraux.

Les graines de tamarin contiennent des xyloglycanes qui procurent une hydratation intense à la peau et la repulpe de manière visible. Le tamarin renforce l’élasticité, lisse les rides et les ridules.

Ces graines ont également un fort pouvoir laxatif. Le tamarin entre d’ailleurs dans la composition de certains médicaments destinés à faciliter le transit. Un complément alimentaire « minceur » naturel.

Les actifs cosmétiques naturels et les secrets de beauté du continent africain vous intéressent?  Procurez vous sans tarder le dictionnaire Secrets de beauté d’Afrique. Disponible en ebook sur Amazon.

Clarisse Libene: stratège de l’ethno-cosmétique.

Clarisse libene

Clarisse Libene © Photos by HappyMan Photography

Inspirante.  Clarisse Libene l’est.  Entrepreneure et auteure-conférencière française d’origine sénégalo-congolaise, elle contribue à  « un monde où les femmes noires et métissées détiennent les clés de leur beauté.   Les clés de l’information, de l’éducation, de l’économie de leur beauté.  Un monde où elles se sentent enfin confiantes en leur beauté, en leur pouvoir.  Un monde où elles n’ont pas besoin de se travestir pour avoir confiance en elles.  Un monde où elles peuvent se sentir fières de ce qu’elles sont, de leur beauté et de leur féminité. »

Du blogging au consulting : Clarisse Libene, pionnière de l’ethno-beauté.

«  Lors de mon retour au naturel en 2008, je me suis rendue compte à quel point nous, les femmes noires et métissées, avions du mal à obtenir des conseils pour nous occuper de nous, quel que soit les choix beauté que nous faisions. Trouver un produit? Un coiffeur? Une horreur, avec les catastrophes qui allaient avec.  J’ai donc décidé de me former en France et allant aux Etats Unis régulièrement. J’ai été formée par les équipes de Taliah Waajid et j’y ai fait la rencontre de professionnels coiffeurs (dont certains avaient créé leur marque), découvert tout un savoir-faire qui nous manquait en France, tant en terme de produits que d’expertise. »

Pionnière de la beauté ethnique en France, Clarisse Libene avait créé le blog Belle Ebene en 2008 pour accompagner les femmes Noires à la découverte de leur beauté : conseils pour sublimer les cheveux naturels, bouclés, frisés, défrisés, locksés… Avec ses 5000 visites par mois et une communauté Facebook importante, elle transforme son blog en e-commerce en 2010.

Bellebene.com, se voulait un e-shop (mais aussi une boutique physique) proposant une sélection pointue de cosmétiques dédiés aux beautés noires et métissées. « J’ai introduit sur le marché français des marques jusqu’alors inconnues comme Jane Carter Solution, Shea Moisture ou encore Karen’s Body Beautiful. »   En moins de 2 ans et totalisera en plus de 10 000 clients à travers la France, l’Europe et les DOM TOM

Au bout de 3 ans d’activité, Clarisse Libène fait le bilan de son activité.  D’un point de vue personnel bien évidement, mais aussi et surtout d’un point de vue du chiffre d’affaires, de la notoriété et des parts de marché.  Ses ambitieux objectifs ne sont pas atteints.  Sans amertume, elle tire de nombreux enseignements pour l’avenir : l’importance du financement, de la distribution, de la concurrence qui peut s’approprier votre concept, du manque de protection qu’implique le statut d’entrepreneur… et puis cette part de chance qui fait que l’on rencontre (ou pas) LE prescripteur médiatique qui peut booster à lui seul votre projet ; comme Oprah Winfrey pour Carol’s Daughter ou encore Beyoncé pour les Teddy en Wax de Myriam Maxo.

Clarisse fait le choix de mettre l’entreprise en liquidation en 2015.  Elle rejoint alors les équipes de Diouda tout en continuant d’animer son site web et en développant Cleva Consulting, une agence de conseil  et de formation en stratégie digitale qui apporte aux marques du secteur cosmétique des solutions à leurs problématiques e-commerce, e-marketing et événementielles.  Il faut dire que Clarisse, titulaire d’un master universitaire en commerce, avait débuté sa carrière dans le web et les régies publicitaires début des années 2000.  Des marques comme Iman, Les Secrets de Loly ou Curls lui ont déjà fait confiance.

Natural Hair Academy : la référence événementielle.

Alors que le phénomène Nappy s’installait timidement en France, Clarisse Libene eu la bonne idée d’organiser une Afro Hair Academy, des ateliers thématiques où 10, 30 puis 70 femmes se retrouvent en France et en Belgique autour de ses conseils pour obtenir des réponses concrètes et facilement applicables à leurs problématiques capillaires.

En 2012, elle s’associe à l’agence Ak-a & à Diaspora Products aux Etats Unis pour créer la Natural Hair Academy, devenue en 3 éditions l’évènement européen majeur dédié aux cheveux naturels.  « Nous étions 1200 lors de l’édition 2014,  l’édition 2016 à réunit 3500 personnes ! »

Outre les stands commerciaux et les ateliers, des intervenants prestigieux et internationaux se relaient autour des thématiques du salon : Michaela Angela Davis (auteure, réalisatrice et activiste américaine), Teyonah Parris (actrice US, véritable icône du cheveu naturel), Kelly Massol (fondatrice de la marque 100% naturelle «Les Secrets de Loly»), Magatte Wade (entrepreneuse Sénégalaise qui a créé la marque Tiossan, des produits cosmétiques de luxe à base d’ingrédients traditionnels du Sénégal et qui les commercialise aux États-Unis, elle fait aujourd’hui partie des 20 femmes africaines les plus influentes selon le magazine Forbes), ainsi que de nombreuses bloggeuses et Youtubeuses.

Healthy Hair Healthy Me: 90 jours pour retrouver des cheveux sains et confiance en votre beauté

Une des forces de Clarisse Libène, c’est sa pédagogie.  A force de faire du « coaching capillaire », de challenger la motivation de ses fans et de s’entendre demander depuis des années si elle n’allait pas écrire un livre pour donner ses conseils : elle l’a fait ! Le voici enfin, Healthy Hair Healthy Me, un programme de 90 jours pour retrouver des cheveux sains et confiance en sa beauté.  A travers ce ebook, vous découvrirez la science du cheveu, déterminerez vos besoins et serez à même d’établir votre nouvelle routine capillaire.  Il s’agit également d’un guide d’achat pour faire le tri parmi les marques cosmétiques et choisir les produits les plus efficaces du marché.  Ces produits ont tous été testé par Clarisse et par les clientes auxquelles elle les a vendu.

« Et parce que prendre soin de ses cheveux va bien au-delà des produits que l’on utilise, ce programme s’accompagne d’un véritable coaching en développement personnel pour que vous repreniez confiance en votre beauté. »

Le livre est disponible en pré-commande dès aujourd’hui à 14,90€ au lieu de 19,90€. Sortie officielle du ebook le 15 septembre 2016.

Parapharmacie: le distributeur de choix pour l’ethno-cosmétique.

 

Paraethnik

D’abord,  des marques ethno-cosmétiques qui plébiscitent les réseaux de distribution des pharmacies et parapharmacie pour leur gage de sécurité et le capital confiance qu’on leur accorde.

Ensuite, des (para)pharmacies  parfois frileuses face à de jeunes marques dont elles n’ont pas toutes les garanties en termes scientifiques et face à un secteur de niche dont la clientèle a des besoins et des questions très spécifiques.

Enfin, des consommateurs entrés de plein pied dans l’ère numérique et qui entendent bien avoir accès à leurs produits favoris, où qu’ils soient sur la planète.

Briser les a priori.

Dans son excellent article « Ma beauté ethnique en pharmacie », Leslie Carombo retrace l’histoire de l’ethno-cosmétique en officine.  Celle-ci débute au début des années ’90 avec l’arrivée de marques de maquillage américaines telles Flori Roberts ou Naomi Sims Cosmetics (également du soin).  L’offre se diversifie petit à petit avec des marques françaises (Agnes de Bussy, Kanellia, HT26…) qui proposent des soins visage et corps et des produits capillaires.

A l’époque, il fallait casser les murs d’incompréhension et les a-priori.  Certains pharmaciens avaient peur d’attirer une clientèle sans pouvoir d’achat ou susceptible d’engendrer des vols de marchandise.  Or, des études (dont celle de L’Oréal en 2010) ont démontré que les consommatrices de produits ethniques dépensaient jusqu’à 9 fois plus en soins cosmétiques que les clientes caucasiennes.

L’offre est à présent beaucoup plus diversifiée, qu’il s’agisse de marques et laboratoires spécialisés (Phytospecific, Nuhanciam, In’Oya, Biolissime, Château Rouge,) ou de marques généralistes (Klorane, Pierre Fabre) qui élargissent leur gamme.

Des besoins spécifiques.

Vouloir séduire une clientèle ethnique, c’est aussi, pour les (para)pharmacies, la nécessité de devoir comprendre et de pouvoir répondre aux besoins spécifiques des peaux foncées :

  • Hyper et hypo pigmentation
  • Déshydratation
  • Hyper séborrhée
  • Cicatrices chéloïdes
  • Folliculites de la barbe
  • Cheveux crépus

Les marques doivent donc avoir un réel rôle pédagogique et former les équipes officinales bien au-delà de la simple connaissance du produit afin que les conseils et prescription beauté soient pertinents.

Les marques doivent également faire un effort important en termes de communication, de marketing, de visual marchandising et d’animation du point de vente afin de faire connaître leurs produits et leur donner la place qu’ils méritent.

Une parapharmacie 2.0 tournée aussi vers l’Afrique.

Le monde de la pharmacie et de la parapharmacie est lui aussi en mutation profonde.  L’ère numérique à définitivement modifié les habitudes des consommateurs et de nouveaux acteurs arrivent sur le marché des pharmacies du futur.

C’est le cas de Paraethnik.com, une e-pharmacie créée en 2014 par le pharmacien Thierry Tchapnga et qui propose déjà l’offre de plus de 100 laboratoires de d’ethno-dermo-esthétique (dont, bientôt, des marques africaines).  Une offre large, claire, didactique et qui compte de vrais pharmaciens  en son sein.  Le site reprend aussi bien les marques dédiées exclusivement aux peaux foncées que les gammes spécifiques des marques généralistes.  La force du web : des produits parfois introuvables livrés en 48h partout en France, 72h en Europe et 7 jours en Afrique.  Car c’est bien l’Afrique et son milliard d’habitants, jeunes, connectés, au pouvoir d’achat grandissant qui constitue le véritable potentiel de croissance du site et des marques.

 

USA: SheaMoisture brise le plafond de verre.

 

sheamoisture beakthewall

“The wall is coming down, but our work has just begun”.  Le message illustrant la vidéo #BreakTheWalls de Shea Moisture est parlant.  En passant du rayon « produits ethniques » au rayon « beauté », la marque américaine brise un système ségrégationniste qui s’exprime jusqu’au rayon shampoing.

La belle ‘histoire’

Fondée aux USA en 1992, SheaMoisture est une compagnie américaine crée par les descendants de Sofi Tucker qui, dès 1912, en Sierra Leone, avait lancé une activité de fabrication et distribution de produits pour le corps et les cheveux à base de beurre de karité et  de savon noir.  Composés d’ingrédients naturels et issus du commerce équitable, les produits SheaMoisture doivent leur succès à la large gamme de produits capialires dédiés à la beauté des cheveux crépus, frisés et bouclés.  Une cible clairement afro.   Les gammes se sont progressivement développées : hommes, baby, cosmétiques…

Actuellement valorisé à 200 millions de dollars, l’entreprise a toujours un actionnariat majoritaire familial.  Les produits sont distribués aux USA et à travers le monde.

Rayon Beauté vs Rayon Ethnique : les hyper-marchés sont-ils racistes ?

« Aux USA, le rayon cosmétique est le dernier endroit où le ségrégationisme n’est pas encore aboli .» peut-on lire dans le communiqué de la marque.   En scindant le rayon cosmétique en Beauté et Ethnique, y aurait-il, dans le chef des hyper-marchés, une volonté délibérée de faire de la beauté ethnique une beauté de seconde zone ?  Et, par extension, de ses utilisatrices des clientes de second choix ?

Les Hypers et leurs centrales d’achat ne sont pas connus pour faire du sentimentalisme mais plutôt pour être des machines de guerre en termes de logistique et de maximisation des marges. Le simple fait d’être référencé dans le magasin coûte un prix énorme à la marque la contraint à de nombreuses obligations (volumes disponibles, marges arrières, marges avant, dé-référencement de certains produits…) ce qui représente une réelle barrière pour la majorité des marques de cosmétique ethnique.

Ensuite, c’est surtout une question de statistiques de ventes.  Plus une marque – et les  produits de cette marque – rapportent à l’enseigne, meilleur est son positionnement dans le rayon, tant sur le plan horizontal (tête d e gondole, centre ou tiers du rayon) que sur le plan vertical (hauteur d’yeux, haut ou bas).  Une fois la marque du distributeur et les marques majors (L’Oréal en tête) positionnées, il ne reste plus beaucoup de place pour les outsiders.  Ceux-ci sont alors placés ensemble, à de moins bonnes places.

Meme si la clientèle noire dépense jusqu’à deux fois plus que la clientèle blanche en produits cosmétiques, le volume global des produits ethniques reste inférieur (moins de clientes et qui n’achètent pas forcément des produits estampillés ‘ethnique’).

En intégrant un rayon plus vendeur, SheMoisture s’assure de facto aussi une plus grande visibilité et plus de revenus.

Du combat logistique au plaidoyer pluriversaliste.

Le fait qu’il y ait un rayon clairement identifié « beauté » et un autre rayon étiqueté « ethnique » (séparant les produits cosmétiques ethniques des produits généraux)  est très révélateur des critères esthétiques stéréotypés prédominant dans l’industrie cosmétique et dans la société de manière générale.  Un standard caucasien aux cheveux longs et lisses qui exclue tout autre modèle de l’allée principale.  Un modèle d’infériorité intériorisé par une part non négligeable des femmes noires.

En intégrant le rayon « Beauté », SheMoisture ne souhaite pas uniquemet opérer un changement logistique.  SheMoisture souhaite ouvrir le débat sur la façon dont l’industrie considère la beauté de manière racisée.

Néanmoins, peut-on uniquement jeter la pierre aux hyper-marchés ?  A force de s’autodéterminer comme ‘cosmétique ethnique’, ‘ethno-cosmétique’, ‘cosmétique pour femmes de couleur’, pour cheveux texturisés, etc…  les firmes cosmétiques concernées se mettent peut-être aussi elles-mêmes hors des circuits classiques.  Comme l’indique le  Dr Khadi Sy Bizet (dermatologue spécialiste des peaux noires),  en total désaccord avec ce terme « ethnique » qui  renvoie à la notion de « race » et à une échelle de valeur qui a causé bien du tort, a- t-on besoin de s’enfermer dans une sémantique qui prête à confusion, réductrice, excluante voire communautariste?  Pourquoi ne pas oublier l’étiquette (ou ne garder que le terme ‘beauté globale’)  et miser sur un marketing multi-ethnique, un géomarketing ultra précis ?

Le but n’est pas de vouloir fusionner ou noyer les identités dans une beauté « universelle »  (dans laquelle tout le monde se ressemble).  Il faut au contraire viser le « pluriversalisme », accepter l’émergence de nouvelles représentations de la beauté, les accompagner et accélérer leur affirmation. L’idée est de faire sortir ces marques ethniques du statut de marques de niche, qu’elles acquièrent une plus large visibilité et une plus large audience.  Les  marques qui réussissent à se positionner de façon à attirer de larges groupes de consommateurs parviennent à briser ce fameux plafond de verre.  Précisément que vient de faire SheaMoisture.

Cosmétiques : les géants du secteur ciblent les afro-marchés

Le leader mondial L’Oréal en tête, les acteurs du cosmétique entendent profiter d’un marché en maturation en Afrique et dans la diaspora.

Panafrican Beauty

Lorsqu’elle a lancé son blog de beauté il y a sept ans, Fatou N’Diaye n’imaginait pas en vivre un jour. Son site, BlackBeautyBag.com, est aujourd’hui une référence. « J’ai commencé à bloguer en 2007, car il était très difficile de trouver des informations sur les besoins spécifiques des peaux noires et des cheveux crépus. Depuis trois ou quatre ans, l’offre de cosmétiques spécialisés explose enfin en France », témoigne-t-elle. Plus besoin de s’approvisionner aux États-Unis ni dans les boutiques du quartier Château-d’eau à Paris, ou même sur certains sites internet où les risques de tomber sur des contrefaçons et des produits importés périmés sont pointés du doigt. Il suffit désormais de se rendre dans un Sephora, un Marionnaud ou même au supermarché pour constater que des espaces, également appelés corners, déploient une large palette de fonds de teint et autres produits de soins du corps et du visage dédiés aux populations noires et métissées.

Comment le marché s’est-il consolidé ?

Cet afro-marché a d’abord émergé grâce à de petites marques spécialisées, 100 % identitaires. En France, la gamme de maquillage flashy Black Up, créée en 1999 par un maquilleur d’origine ivoirienne, a été la première à se lancer. Phyto Specific se consacre de son côté depuis quinze ans à la recherche sur les cheveux frisés et crépus. Désormais, ces précurseurs de ce segment de niche sont concurrencés par les poids lourds du secteur. Ils ont comme nom Channel, Estée Lauder, Clinique, Clarins, L’Oréal ou Klorane. « D’autres marques mainstream vont encore se lancer », confie Didier Mandin, directeur associé de l’agence de conseil Aka. En effet, sur un marché saturé, les consommatrices à la peau d’ébène possèdent un pouvoir d’achat inespéré. Les fabricants estiment en effet que les femmes noires et métisses consomment trois à cinq fois plus que celles dites de type caucasien. Les raisons sont d’abord culturelles. « En Afrique, s’occuper de soi est une question de politesse », note Fatou N’Diaye. D’abord échaudées par des produits cosmétiques qui ne répondent pas à leurs attentes, ces consommatrices sont devenues de véritables expertes en la matière. Les blogs, les sites et les chaînes YouTube traitant des questions de soins de beauté concernant les femmes noires se sont multipliés sur Internet. Une mine d’informations s’est ainsi constituée qui a attiré l’attention des marques et leur a permis de s’adapter.

La bonne stratégie a mis du temps à se mettre en place

La France, comme l’Europe, rattrape son retard par rapport aux États-Unis où l’afro-marché s’est développé depuis plus de vingt ans. « Les leaders ont longtemps hésité sur la stratégie à adopter. Ils se sont demandé s’ils devaient faire des extensions de leurs couleurs ou racheter une petite marque spécifique », observe Lionel Durand, directeur général de Black Up. Du côté du marketing, les premières marques lancées sur le segment se sont longtemps montrées timides. Elles mettaient en avant des égéries au teint clair qui répondaient plus aux stéréotypes occidentaux. En matière de termes, c’est l’ambiguïté qui a prévalu. Ces produits étaient pour des peaux « mates » et des cheveux « bouclés » ou « méditerranéens ». « Les marques pensaient que les mots « crépus » et « noirs » étaient péjoratifs et se montraient frileuses pour assumer un marketing direct. Elles ont fini par comprendre que ça ne fonctionnait pas », relève Didier Mandin. Avec le rachat en 1998 et 2000 des marques Softsheen et Carson, dont l’entité fusionnée est devenue leader du capillaire afro, L’Oréal a montré la voie en instaurant un virage à 180 degrés.

Le potentiel du marché africain pris en compte

Avec l’émergence d’une classe moyenne et la forte démographie, le continent africain fait de l’oeil aux géants du cosmétique. « Un marché évalué à 6,93 milliards d’euros en 2012 et qui progresse d’environ 10 % par an, contre à peine 4 % pour le marché mondial », selon le World Retail Congress Africa 2013. « Notre ambition est de faire de L’Oréal le premier groupe de beauté en Afrique subsaharienne », a récemment annoncé Geoff Skingsley, directeur général de la zone Afrique et Moyen-Orient du groupe. Sites de production, plateformes commerciales, laboratoires, le mastodonte ne lésine pas sur les investissements. Pour séduire cette clientèle, il a aussi racheté en 2013 la marque kenyane Interbeauty.

Le numéro un sur le continent reste cependant Unilever avec un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, tandis que Procter & Gamble revendique la place de troisième challenger. Et les petites marques ne sont pas en reste. Black Up, déjà présente dans 23 pays africains, prévoit que ses ventes sur le continent passeront de 20 à 40 % de son chiffre d’affaires d’ici trois ans. « Le marché reste néanmoins concentré sur les pays qui présentent une forte croissance économique et sont politiquement stables », nuance Lionel Durand. Afrique du Sud, Nigeria, Kenya et Angola sont donc les plus prisés, tandis que le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire commencent à voir les réseaux de distribution s’organiser.

Sur un continent où les centres commerciaux sont encore rares, la distribution reste le principal défi. Le mobile est une piste pour développer un réseau alternatif. Mais là encore, pour s’emparer de ce pouvoir d’achat, les marques vont devoir innover.

Article par , Le Point Afrique