Black Hair: du show humiliant au documentaire inspirant.

Ce week-end, tournait sur les réseaux sociaux un passage du programme TV Caribbean Next Top Model.  Une séquence aussi violente qu’humiliante où une candidate, malgré ses explications et son émotion était obligée de défriser ses longs cheveux naturels pour pouvoir rester dans le concours de beauté.  Un timing de diffusion étonnant puisque les faits se sont passés l’an dernier.  En fait, un « good » buzz orchestré dans le cadre du lancement du documentaire « Black Hair », directement inspiré de cette scène surréaliste …et pourtant si courante.   

Une candidate obligée de se défriser les cheveux.

Tourné en 2017 et diffusé en février 2018, le programme télévisé « Le prochain top model carribéen » est une adaptation du célèbre show américain créé et animé par la mannequin, femme d’affaires et de médias Tyra Banks.  La version jamaïcaine est pilotée et animée par Wendy Fitzwilliam, ancienne Miss Univers.

Dans une séquence qui a fait le tour de la toile, une candidate, Gabriella Bernard, se voit poser un ultimatum : défriser ses cheveux ou quitter l’émission. 

La jeune mannequin de 24 ans explique, en larmes, à quel point ses cheveux naturels sont importants pour elle.  Elle implore la coiffeuse de ne pas utiliser de produits chimiques dans ses cheveux dont la longueur est le fruit de 3 années de soins.  Elle répète très distinctement que ses cheveux crépus lui plaisent et qu’ils font partie de son identité, de sa singularité et que c’est en les gardant au naturel qu’elle a commencé à s’aimer davantage. 

Le montage vidéo montre ensuite la chevelure enrobée de produit caustique.  Les cheveux de Gabriella Bernard sont défrisés et elle est restée dans la compétition, de laquelle elle se hissera, au final, à la troisième place.

Après cette scène, la jeune fille a eu droit à un sermon face caméra de la productrice et d’un jury composé du photographe international Pedro Virgil et de l’expert de la mode des Caraïbes Socrates McKinney.  Elle lui explique d’un ton sentencieux, condescendant et très vexatoire à quel point elle n’a pas apprécié son attitude dans le salon de coiffure et à quel point son attitude militante sur un lieu de travail manquait de professionnalisme.  Etre professionnelle, ça veut dire obéir, à l’autorité et aux choix du marché. 

Pourquoi elle n’a pas « tout simplement » quitté le jeu?

Quand beaucoup de gens s’indignaient sur la toile d’une telle pression, d’autres se demandaient pourquoi la jeune femme ne s’était pas levée pour quitter l’épreuve du « relooking » et l’émission.  G. Bernard indique que d’une part, elle était trop loin dans la compétition pour revenir en arrière.  Elle avait plaqué son job pour pouvoir participer au concours et devenir mannequin international.  Elle était aux portes de son rêve.  D’autre part, elle avait tellement d’admiration pour Wendy Fitzwilliam et son parcours dans le métier en tant que femme Noire, qu’elle n’a pas oser aller contre son autorité.  Elle a donc jouer le jeu à fond. 

La vraie question n’est pas à poser à ceux qu’on opprime mais à ceux qui exhortent de rentrer dans la norme.  On ne compte plus, ces derniers temps, les pressions et exclusions de jeunes filles à l’école, à l’université ou sur le lieu de travail sous prétexte de cheveux « non disciplinés ». 


Dénoncer et aider les autres à s’affirmer.

De cette expérience brutale et traumatisante, Gabrielle Bernard et le cinéaste espagnol Miquel Galofre ont co-réalisé un documentaire de 20 minutes intitulé « Black Hair ».  Dans la veine de « Good Hair » de Chris Rock, sorti en 2009, le documentaire dénonce et interroge les injonctions sociales capillaires faites aux femmes Noires et les implications psychologiques voire de santé d’une destruction dès le plus jeune âge des boucles naturelles. 

« Nous vivons dans un monde où les médias nous disent que nous devons avoir les cheveux raides pour être acceptés.  Le défrisage, les perruques, ce combat est plus qu’une simple question de texture de cheveux !  C’est un problème sociopolitique auquel nous avons été confrontés à Trinidad, dans les Caraïbes et dans le monde entier pendant des siècles.  C’est un débat sur le fait que la beauté soit normée et eurocentrée.  Nous, Noirs, sommes conditionnés depuis si longtemps à croire que nos attributs en tant que Noirs devraient être cachés ou honteux.  Pourquoi devons-nous continuer à nous conformer pour le confort visuels des autres?  On nous a dit que nos cheveux ne suffisaient pas.  Ça ne peut pas continuer. »

Gabriella Bernard a déclaré qu’elle souhaitait maintenant aider d’autres personnes, comme elle, à se défendre et à être authentiques.

Bien servi par le buzz de la rediffusion de la séquence, le documentaire a été présenté au Festival du film de Trinité-et-Tobago où Gabriella Bernard arborait une courte et magnifique chevelure naturelle, de beaux cheveux en bonne santé.  « Black Hair » est sélectionné pour des festivals aux USA et au Cameroun.

 


Clarisse Libene: stratège de l’ethno-cosmétique.

Clarisse libene

Clarisse Libene © Photos by HappyMan Photography

Inspirante.  Clarisse Libene l’est.  Entrepreneure et auteure-conférencière française d’origine sénégalo-congolaise, elle contribue à  « un monde où les femmes noires et métissées détiennent les clés de leur beauté.   Les clés de l’information, de l’éducation, de l’économie de leur beauté.  Un monde où elles se sentent enfin confiantes en leur beauté, en leur pouvoir.  Un monde où elles n’ont pas besoin de se travestir pour avoir confiance en elles.  Un monde où elles peuvent se sentir fières de ce qu’elles sont, de leur beauté et de leur féminité. »

Du blogging au consulting : Clarisse Libene, pionnière de l’ethno-beauté.

«  Lors de mon retour au naturel en 2008, je me suis rendue compte à quel point nous, les femmes noires et métissées, avions du mal à obtenir des conseils pour nous occuper de nous, quel que soit les choix beauté que nous faisions. Trouver un produit? Un coiffeur? Une horreur, avec les catastrophes qui allaient avec.  J’ai donc décidé de me former en France et allant aux Etats Unis régulièrement. J’ai été formée par les équipes de Taliah Waajid et j’y ai fait la rencontre de professionnels coiffeurs (dont certains avaient créé leur marque), découvert tout un savoir-faire qui nous manquait en France, tant en terme de produits que d’expertise. »

Pionnière de la beauté ethnique en France, Clarisse Libene avait créé le blog Belle Ebene en 2008 pour accompagner les femmes Noires à la découverte de leur beauté : conseils pour sublimer les cheveux naturels, bouclés, frisés, défrisés, locksés… Avec ses 5000 visites par mois et une communauté Facebook importante, elle transforme son blog en e-commerce en 2010.

Bellebene.com, se voulait un e-shop (mais aussi une boutique physique) proposant une sélection pointue de cosmétiques dédiés aux beautés noires et métissées. « J’ai introduit sur le marché français des marques jusqu’alors inconnues comme Jane Carter Solution, Shea Moisture ou encore Karen’s Body Beautiful. »   En moins de 2 ans et totalisera en plus de 10 000 clients à travers la France, l’Europe et les DOM TOM

Au bout de 3 ans d’activité, Clarisse Libène fait le bilan de son activité.  D’un point de vue personnel bien évidement, mais aussi et surtout d’un point de vue du chiffre d’affaires, de la notoriété et des parts de marché.  Ses ambitieux objectifs ne sont pas atteints.  Sans amertume, elle tire de nombreux enseignements pour l’avenir : l’importance du financement, de la distribution, de la concurrence qui peut s’approprier votre concept, du manque de protection qu’implique le statut d’entrepreneur… et puis cette part de chance qui fait que l’on rencontre (ou pas) LE prescripteur médiatique qui peut booster à lui seul votre projet ; comme Oprah Winfrey pour Carol’s Daughter ou encore Beyoncé pour les Teddy en Wax de Myriam Maxo.

Clarisse fait le choix de mettre l’entreprise en liquidation en 2015.  Elle rejoint alors les équipes de Diouda tout en continuant d’animer son site web et en développant Cleva Consulting, une agence de conseil  et de formation en stratégie digitale qui apporte aux marques du secteur cosmétique des solutions à leurs problématiques e-commerce, e-marketing et événementielles.  Il faut dire que Clarisse, titulaire d’un master universitaire en commerce, avait débuté sa carrière dans le web et les régies publicitaires début des années 2000.  Des marques comme Iman, Les Secrets de Loly ou Curls lui ont déjà fait confiance.

Natural Hair Academy : la référence événementielle.

Alors que le phénomène Nappy s’installait timidement en France, Clarisse Libene eu la bonne idée d’organiser une Afro Hair Academy, des ateliers thématiques où 10, 30 puis 70 femmes se retrouvent en France et en Belgique autour de ses conseils pour obtenir des réponses concrètes et facilement applicables à leurs problématiques capillaires.

En 2012, elle s’associe à l’agence Ak-a & à Diaspora Products aux Etats Unis pour créer la Natural Hair Academy, devenue en 3 éditions l’évènement européen majeur dédié aux cheveux naturels.  « Nous étions 1200 lors de l’édition 2014,  l’édition 2016 à réunit 3500 personnes ! »

Outre les stands commerciaux et les ateliers, des intervenants prestigieux et internationaux se relaient autour des thématiques du salon : Michaela Angela Davis (auteure, réalisatrice et activiste américaine), Teyonah Parris (actrice US, véritable icône du cheveu naturel), Kelly Massol (fondatrice de la marque 100% naturelle «Les Secrets de Loly»), Magatte Wade (entrepreneuse Sénégalaise qui a créé la marque Tiossan, des produits cosmétiques de luxe à base d’ingrédients traditionnels du Sénégal et qui les commercialise aux États-Unis, elle fait aujourd’hui partie des 20 femmes africaines les plus influentes selon le magazine Forbes), ainsi que de nombreuses bloggeuses et Youtubeuses.

Healthy Hair Healthy Me: 90 jours pour retrouver des cheveux sains et confiance en votre beauté

Une des forces de Clarisse Libène, c’est sa pédagogie.  A force de faire du « coaching capillaire », de challenger la motivation de ses fans et de s’entendre demander depuis des années si elle n’allait pas écrire un livre pour donner ses conseils : elle l’a fait ! Le voici enfin, Healthy Hair Healthy Me, un programme de 90 jours pour retrouver des cheveux sains et confiance en sa beauté.  A travers ce ebook, vous découvrirez la science du cheveu, déterminerez vos besoins et serez à même d’établir votre nouvelle routine capillaire.  Il s’agit également d’un guide d’achat pour faire le tri parmi les marques cosmétiques et choisir les produits les plus efficaces du marché.  Ces produits ont tous été testé par Clarisse et par les clientes auxquelles elle les a vendu.

« Et parce que prendre soin de ses cheveux va bien au-delà des produits que l’on utilise, ce programme s’accompagne d’un véritable coaching en développement personnel pour que vous repreniez confiance en votre beauté. »

Le livre est disponible en pré-commande dès aujourd’hui à 14,90€ au lieu de 19,90€. Sortie officielle du ebook le 15 septembre 2016.

Afro-entrepreneure: Nadège Katumba a créé Mes Cheveux Dans Ma Cuisine.

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De l’Américaine Lisa Price (Carol’s Daugther) au docteur Sud Africain Fernandes (Environ), entre storytelling bien rodée et réels débuts ‘home made’, pas mal de firmes cosmétiques semblent avoir été créées…  dans la cuisine de leur fondateur !  Dans la continuité de nos derniers articles sur la révolution Nappy à Kinshasa et sur l’importance des formulations naturelles et du D.I.Y. en Afrique, voici une jeune entreprise pile dans l’ère du temps créée par une auto-entrepreneure congolaise : Mes Cheveux Dans Ma Cuisine.

Le produit miracle pour mes cheveux était simplement… dans mon frigo.

« Il y’a quelques années j’ai eu une chute énorme de cheveux et après avoir utilisé différents produits capillaires conventionnels;  voyant que rien ne marchait, découragée, j’ai coupé mes cheveux à presque 2cm.  C’était la première fois que, de façon consciente, je faisais face à mes cheveux naturels (crépus).  Je ne savais nullement comment les traiter.  Après plusieurs essais de produits non adaptés à mon type de cheveux, je me suis tournée vers Youtube.  Dans mon désespoir, j’ai découvert ces femmes américaines (dont certaines avaient leur propre label) qui utilisaient des fruits, des huiles végétales, des herbes fines, etc. pour leurs cheveux.  Peu à peu, j’ai appris à faire comme elles.

De fil en aiguille, face aux résultats, beaucoup de gens ont commencé à me demander ce que je mettais dans mes cheveux, ce qui les restaurait de la sorte.  Le nom Mes Cheveux Dans Ma Cuisine est né ainsi, lorsque j’ai pris conscience que la solution à mon problème capillaire se trouvait dans ma cuisine ; grâce à des ingrédients naturels tels que romarin, avocat, huile d’olive, citron, etc… »

Une vie et un business entre Kinshasa et Montréal.

Nadège Katumba est née et a grandi à Lubumbashi.  Après une adolescence passée à Kinshasa, elle part pour le Canada où elle vivra une quinzaine d’années.  C’est  à Montréal qu’elle suit des études en gestion hôtelière et restauration, en comptabilité financière et enfin des cours en lancement d’entreprise et vente conseil.

C’est grâce à un programme gouvernemental de subventions et de soutien aux travailleurs autonomes qu’elle lance son entreprise.  Mes Cheveux Dans Ma Cuisine élabore et commercialise des produits capillaires et soins de la peau avec des ingrédients végétaux d’origine naturelle.

Elle y travaille à temps plein depuis 2012.  Depuis mi-décembre 2015, elle est rentrée à Kinshasa pour y installer son siège principal et travailler encore davantage à l’élaboration de produits issus du riche terroir congolais.

Les produits sont donc distribués dans la capitale congolaise et la firme travaille à une optimisation de la logistique afin de créer des points de vente en province.  Grâce au double encrage kino-montréalais, les produits commencent aussi à être expédiés aux usa, en Europe et en Afrique.

Développer des produits à base du terroir congolais

Particularité de la marque : intégrer des ingrédients issus du terroir congolais à ses formulations : safou, dongo dongo (gel de Gombo),  mutozo ou oseille (ngayi ngayi) pour ne citer que ceux la…  D’autres actifs (pour partie africains) sont aussi utilisés : la papaye, l’avocat, l’hibiscus, le romarin, le persil, le céleri, la carotte…

Actuellement, la gamme capillaire comprend :

  • un masque capillaire 3en1 avant shampooing / shampooing /revitalisant (gel de gombo, huile de margousier)
  • un baume nourrissant (beurre de mangue, d’avocat, aloe vera, huile de chanvre)
  • un lait capillaire (leave in)
  • un gel coiffant
  • une crème coiffante sans rinçage
  • une huile stimulatrice (poivre de Cayenne et ortie blanche)
  • une huile revitalisante (Gingembre, Ail, Oignons et Ortie blanche)

 

>>>>  Le site internet est en cours de finalisation mais vous pouvez déjà suivre l’actu de la marque sur sa page Facebook de Mes Cheveux dans Ma Cuisine

Contact Nadège Katumba:  RDC +243813585181  / Montréal +14389345744

D.I.Y. Masque ultra nourrissant pour cheveux secs

DIY nappy hair receipt naturalGoogle annonçait dernièrement les combinaisons de mots les plus recherchés.  En Afrique, dans le domaine cosmétique, la requête la plus courante est “comment rendre mes cheveux souples?”.  Une recherche très active de recettes naturelles ‘homemade’ pour les cheveux mais aussi pour la peau.  Panafrican Beauty vous propose un grand classique : le masque nourrissant pour tous les cheveux secs.  Une potion  capillaire magique, facile, peu chère et à base d’ingrédients naturels 100% africains.

La cause des cheveux secs.

Les cheveux crépus ont de nombreuses particularités qui les rendent fragiles et vulnérables.  Le cheveu crépu est sec, fin, avec des boucles très serrées. Il pousse en spirale et sort couché sur le cuir chevelu.  Le follicule pileux des cheveux crépus produit peu de sébum. C’est pour cette raison qu’ils sont souvent secs et déshydratés.  Le soleil et les nombreux traitements auxquels ils sont soumis amplifient les dégâts (défrisage, tissage, tresses, postiches, foulard).  De plus, le cheveu crépu a la particularité de se rétrécir au contact de l’eau ou de l’humidité. Ce phénomène s’appelle le shrinkage.  Pour éviter ces phénomènes, nous allons miser sur des produits nourrissants (riches en lipides) plutôt qu’hydratants (riches en eau).

 La recette : avocat, banane, huile d’argan et mayonnaise.

  • ¼ d’avocat.  Source de vitamines A, F ,E antioxidante, oméga 6 et 9,  phytostérols (améliorent la microcirculation et protègent contre l’action des UV).
  • ½ banane : Très riche en vitamines (A, B1, B2, B3, B5, B6 et C) et en  sels minéraux (potassium, magnésium, calcium, fer, cuivre), la banane nourrit, adoucit et prévient la déshydratation des cheveux secs.
  • 3 petites cuillère d’huile d’argan : riche en vitamine E et en insaponifiables, cette huile est réputée pour ses propriétés nourrissantes, régénérantes et restructurantes. Son pouvoir anti-oxydant compense en profondeur la dénutrition.
  • 2 petites cuillères de mayonnaise aux œufs : la mayonnaise elle restore l’hydratation et apporte une dose de protéines (constituant majeur des cheveux – la kératine) et de brillance.

Ecrasez / Mixez les ingrédients.  Appliquez immédiatement et généreusement sur cheveux sec ou humide. Massez le cuir chevelu.  Laissez poser 20 min minimum.  Rincez abondement.

Résultat : les cheveux sont souples, doux, brillants, délicatement parfumés.  A moyen terme : une pousse favorisée.

Spécial Kinshasa (2/2): une ville sans spa.

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En amoureuse et en professionnelle du Spa (et je mets une majuscule à dessein), analyser le cas de Kinshasa est un défi excitant.  Défi parce qu’observer avec objectivité (et en très peu de temps) sa ‘ville de cœur’ n’est jamais aisé.  Excitant parce que Kinshasa est une mégapole bouillonnante et contrastée où l’élégance est érigée en art de vivre …malgré les ‘orages’.

Au pays des sapeurs : le culte de l’apparence.

Quand on observe les Kinoises, il est  frappant (et parfois comme un coup de poing dans l’œil) de constater à quel point elles sont apprêtées : coiffure, ongles, maquillage et bien sûr vêtements et accessoires.  Au pays des Sapeurs (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), l’apparence soignée et le recours aux marques de luxe françaises sont érigées en art de vivre, en science, en religion 😉

Plus spécifiquement, pour leurs routines de soin, les Kinoises se font tresser / tisser par des proches, dans des salons de quartier ou dans des instituts plus huppés.  Idem pour les manucures, où les tarifs vont de l’équivalent de 1$ auprès des manucures ambulants (qu’on repère aisément au cliquetis de leurs bouteilles) à 25$ dans les nail bars ou plus de 50$ dans les instituts de la Gombe.

Le maquillage est très utilisé, surtout le fond de teint pour matifier, uniformiser le et camoufler les zones d’hyperpigmentation, les taches et les cicatrices dues aux produits éclaircissant ou les boutons causés parfois par le maquillage lui-même.

D’autres pratiques comme les épilations sont courantes et les cosmétiques qui galbent les fesses se vendent en masse.  Bref, il faut que cela se voie !

Le massage : entre tradition perdue, manque de nécessité et image sulfureuse.

Les instituts de beauté et les salons de coiffure sont donc légion.  Par contre, les soins du visage sont déjà beaucoup moins proposés.  Et rares sont les espaces où la notion de bien-être et les massages sont mis en avant.

Parce que la pratique du massage corporel renvoi à la nudité, à l’intimité voire à la sexualité, le massage n’est pas une évidence à Kinshasa.  Il est vrai que sous l’appellation de « centre de massages » se cachent (ou ne se cachent même pas, d’ailleurs) des pratiques relevant davantage de la prostitution.

Pourtant, en parlant avec des « vieux » (et ce terme n’a rien de péjoratif en RDC), on se rend compte qu’en dehors de Kinshasa, dans les zones agricoles, le massage est une pratique quotidienne.  Au retour des champs, les enfants massent les pieds et le dos de leurs parents, pour les soulager et par respect.

Plusieurs hôtels et instituts de beauté ont placé des massages à leur menu de soins, avant, parfois, de se rétracter.   Les raisons varient :

  • mauvaise insonorisation de l’espace qui rend la relaxation impossible.
  • plaintes pour « happy ending massage » (que ce soient de la part de clients trop insistants ou parfois des thérapeutes elles-mêmes, à l’insu de leur manager),
  • manque de demande des clients nationaux, rendant l’espace non rentable et le voyant se transformer en une autre pièce « beauté ». « Le massage, c’est pour les expats, nous, les Congolais, on n’est pas stressés ! On a le temps, pas de factures qui s’entassent, on est bien, on a pas besoin de tout ça ! Et puis, le prix, c’est exagéré ! ».
  • manque de demande des expatriés qui se plaignent de la pauvreté des techniques proposées (les tellement éculés californiens, suédois et drainant) ou de la qualité du soin lui-même : ‘main’ de la masseuse, produits, hygiène, confort, non-respect des heures de rendez-vous…

Ce constat d’échec rend les investisseurs très prudents et on notera qu’aucun des nombreux grands hôtels (installés ou à venir) n’intègre ce service : l’Hotel du Fleuve  (Kempinski), le Pullman Grand Hotel (Accor), le Stanley (DoubleTree by Hilton), le Memling, l’hôtel Béatrice…

Orchid Spa : une fleur dans le désert.

Malgré un titre quelque peu provocateur, je ne voudrais pas laisser penser qu’il n’y a aucun spa à Kinshasa.  Il y en a un. …pour 10 millions d’habitants!

Par définition, un Spa est un endroit destiné à la régénération et au repos. Il est caractérisé par une démarche holistique qui envisage l’être humain dans sa globalité.  Au cœur du concept, l’eau et ses vertus curatives : bains, boues, hydro-jets, hammam…  Ensuite, viennent toutes les autres approches qui contribuent au bien-être : massages, soins de beauté, exercices physiques, méditation, nutrition… Il ne s’agit donc pas uniquement de disposer d’un  hammam pour se proclamer spa, il s’agit d’un concept global, d’une philosophie.

Dans le quartier des ambassades, la Villa Orchid Spa propose une carte ultra complète de soins (massages, soins visage, beauté des mains et des pieds, épilations), des soins à base d’eau (hammam, hydrothérapie, piscine), un salon de coiffure, une boutique, une salle de sport et de yoga ou encore un jardin avec pool house.

Une équipe multilingue (français, anglais, lingala) et super accueillante (malgré mon retard…) composée de Congolaises et de Philippines y travaillent avec la marque française Matis, experte de la beauté et particulièrement innovante.  Un bel endroit, notamment la suite duo au ciel étoilé.  Du linge de qualité.  Une oasis de silence, un vrai luxe au cœur de la capitale.

Certains bémols toutefois : des prix qui restent relativement élevés (min. 165$ le soin visage quand même !) et ces ‘détails à la kinoise’ difficilement acceptables au regard des standards occidentaux : trous béants dans les murs, une praticienne qui consulte son Gsm ou le staff qui entre dans la cabine durant le soin, dépôts dans la douche, porte d’armoire défoncée, désordre…  Une expérience toutefois globalement satisfaisante avec l’espoir que la qualité d’ensemble ne chutera pas après le départ tout récent de la fondatrice vers d’autres aventures.

 

Pour conclure, je tenais à dire un grand merci à tous les professionnels rencontrés durant mon voyage (et spécialement aux équipes d’Orchid Spa, Josepha Cosmetics et à Eric Matabaro) ainsi qu’aux nombreux kinois de sang ou de cœur qui m’ont accordé leur avis précieux durant la rédaction de ces deux articles.  See you soon…

(c) photo Pullman Grand Hotel Kinshasa

Spécial Kinshasa (1/2): révolution Nappy.

nappy kinshasa

Leur présence est encore très confidentielle à l’échelle de la ville, pourtant, elles sont  bel(les) et bien là.  Les Nappy Girls.  Qui sont-elles?  Comment magnifient-elles leurs cheveux davantage pour l’estime d’elles-mêmes que pour séduire les autres?  Où et comment elles prennent soin de leur cheveux?  Direction Kinshasa.

Josepha Cosmetics :  Nappy Hair Spa.

Lustre à pampilles de verre  monumental, staff et murs habillés de noir, des rayonnages où l’on trouve des marques internationales (Iman, MAC, Clinique, Clarins HT26), une avalanche de décibels s’échappant des clips vidéos…  Josepha Cosmetics, c’est le salon de beauté tendance où se bousculent les kinoises branchées, de tous âges, depuis son ouverture l’été dernier.  L’espace propose tous les services beauté classiques : coiffure, manucure, pédicure, make-up, épilations, soins visage.

Mais Josepha Cosmetics, c’est aussi un spécialiste des cheveux afros proposant de véritables soins pour entretenir et embellir les cheveux naturels ou en transition.  Tania Mandu Gieskes, manager du salon, nous explique que, même s’il est encore marginal, le mouvement Nappy est une vraie tendance de fond.  Et que cette recherche de naturel capillaire se traduit logiquement par le souhait d’utiliser des produits qui le sont tout autant.  On y trouvera donc des rituels de soin hydratants, nourrissants et assouplissants pour les cheveux alliant beurre de karité, huile de coco, aloe vera, banane ou encore, du miel.

Plus globalement, être nappy s’accompagne aussi d’une utilisation plus raisonnée en termes de produits cosmétiques corporels; le choix d’utiliser moins de produits industriels.  Pour satisfaire cette demande, Josepha Cosmetics importe donc, parfois même sous label de sa propre marque, des produits bruts tels que du savon noir, des huiles (avocat, coco…), des beurres (karité) ou des eaux florales (rose) en provenance directe d’Afrique du Nord et de l’Ouest.  Une offre complétée par les produits « écologiques » de la marque The Body Shop.

Une clientèle plus pointue et plus exigeante  aussi qui pousse le salon investir dans la formation de ses équipes.  Car si, techniquement, les prestations sont bonnes, la pédagogie inhérente au réel conseil professionnel marque un peu le coup.

Une jeunesse inspirée …et inspirante.

Stan Smith aux pieds et pleines d’assurance, Audrey (14 ans) arborant des twists et sa sœur Coralie (12 ans) coiffure afro naturelle, m’expliquent qu’elles sont opéré un retour au naturel depuis environ un an car, malgré leur jeune âge, leurs cheveux étaient très abîmés et ne poussaient presque plus.  Il est vrai que c’est dès l’enfance que les chevelures africaines sont malmenées (le défrisage est admis sur les bébés dès  1 an chez Josepha!).

Si elles utilisent des produits bruts et naturels (karité, huile d’avocat), elles utilisent aussi bien des produits de l’industrie conventionnelle (L’Oréal ou Franck Provost), mais toujours en veillant à choisir les gammes qui contiennent ces mêmes actifs.

En portant ses cheveux naturels et en revendiquant le droit à ne pas se conformer à la norme des cheveux défrisés, cachés sous des tissages lisses, ni même des tresses, Audrey estime porter un réel message militant.  Et même si les avis de la famille ont parfois été assez négatifs au début, à présent, les deux sœurs font des émules au sein de leurs amies de l’école belge et même au sein de leur proches puisque leur grande sœur, habitant Bruxelles, débutera sa transition d’ici peu.

Un mouvement qui se fédère.

Comme partout dans le monde, les Nappy Girls du Congo Kinshasa se réunissent et échangent énormément.  Sur les réseaux sociaux ou lors de rencontres ‘dans la vraie vie’, on parle beauté et santé du cheveu, bien sûr, mais pas que.  C’est aussi un lieu de réflexion sur l’estime de soi et l’affirmation de son identité ; sur la santé et le bien-être (comme le blanchiment de la peau, les défrisages et tresses ne sont pas sans danger pour la santé et sans douleurs),  sur la déconstruction d’un idéal de beauté occidentalisé ou, plus généralement, sur les thèmes de féminisme et d’empowerment.

Des moments d’échange intergénérationnels, dans le plus grand respect, où les femmes livrent leur parcours de vie, témoignent de leurs expériences, s’assument telles qu’elles sont avec force.  Alors, que l’on soit, de manière informelle, dans une cuisine à Kinshasa ou à grand renfort de sponsors commerciaux dans un palais des expo à Paris, le résultat est le même : des moments de sororité qui créent du lien et du sens.

Chères lectrices kinoises …et les autres: n’hésitez pas à consulter les pages Facebook de Josepha Cosmetics et des Nappy Girls du Congo Kinshasa.

Photo : copyright Joana Choumali pour Nappy de Babbi

 

L’appli NappyMe : uberisation, nappy-washing ou réelle révolution pour la coiffure afro?

« On prédit déjà un carton plein pour cette application qui va révolutionner la beauté des cheveux afros ».  La semaine dernière, plusieurs sites reprenaient l’information.  La révolution.  Rien de moins.  Il n’en fallait pas plus pour m’intriguer et voir ce qui se cache derrière le concept.

Le coiffeur afro 2.0

NappyMe est un site web et une application mobile.  Il permet aux femmes afros, afro-caribéennes et afro-américaines d’entrer facilement en contact pour s’échanger des services de coiffure et autres soins de beauté (maquillage, coiffure, etc…) à des prix très concurrentiels.

NappyMe est le concept innovant né d’une équipe super dynamique de jeunes entrepreneurs africains vivant à Paris, diplômés de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs françaises.  Ils connaissent parfaitement la communauté à laquelle ils s’adressent ainsi que leurs problématiques en termes de beauté.

Ce projet communautaire qui s’inscrit dans la mouvance de la sharing economy  a vocation à fonctionner comme un carnet de contact permettant la mise en relation des clientes et des ambassadrices de beauté et de bien-être.

Concrètement, les prestataires (ambassadrices) mettent leurs réalisations en ligne (toutes vérifiées par un modérateur).  Sur cette base, la cliente contacte le prestataire pour fixer un rendez-vous et les conditions de la prestation commandée (lieu, prix).

Pour valider la qualité des unes et des autres, un système de notations et commentaires permettra aux membres de s’auto-évaluer après chaque rendez-vous. Si un membre reçoit plusieurs commentaires négatifs, son compte sera automatiquement supprimé.

Étant en phase pilote, NappyMe est actuellement gratuit.  Les prestations se paient directement auprès du prestataire. La cliente et le prestataire assument donc entièrement les risques concernant notamment les annulations de dernière minute ou le non-paiement de la somme d’argent demandée.  Par la suite, les utilisateurs effectueront directement les paiements via l’application mobile.

Si le lancement est prévu à Paris, un déploiement progressif en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique est envisagé.

Uberisation de la coiffure afro

L’uberisation.  Aucun secteur n’y échappe ! L’industrie du bien-être et de la beauté aussi voit ses circuits traditionnels de distribution, de communication et la façon de consommer de ses clients bouleversés par le web et les applications mobiles.  Le système, initialement prévu pour favoriser les échanges, s’institutionnalise.   Les services ‘à la demande’, réalisés par des professionnels ou des prestataires occasionnels, explosent.  Il y a plusieurs raisons à cela.

Pour le client : de nombreux avantages !  Un service généralement moins cher, des plages horaires mieux adaptées (soirée et weekend), un gain de temps couplé à une diminution des déplacements (prestations pouvant se faire à domicile), les avis d’autres utilisateurs…

Pour les prestataires occasionnels : le moyen de se faire connaitre et de gagner de l’argent sans devoir investir dans une surface commerciale ou de gros budgets publicitaires.  A terme, avec le pré-payement des prestations, un moyen d’éviter le manque à gagner du aux annulations de dernière minute.

Pour les professionnels, la musique est différente et une certaine inquiétude se répand.  Ils voient ces prestataires occasionnels comme une réelle concurrence.  Une concurrence déloyale qui plus est.  Des prestataires dont l’identité est dissimulée derrières un pseudo, sans qualification ou diplôme officiel (certains soins esthétiques sont réglementés), sans charges sociales, sans TVA, sans respect des normes d’hygiènes imposées par la profession…  Bref, des prestataires qui ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu qu’eux.  A l’instar des taximen, verra-t-on bientôt des manifestations de coiffeuses dans les rues de Paris ? 😉

« Nappy washing ».

Autre terme (et mouvement) aussi tendance que lucratif : la « nappy » sphère, dont nous vous parlions il y a quelques mois.  Pur produit de la communauté afro de la génération Y, le mouvement est et né en ligne, sur les blogs.  Il est donc historiquement hyper connecté et forme une communauté habituée à acheter (beaucoup !) en ligne, au do-it-yourself et aux échanges informels.  NappyMe axe d’ailleurs beaucoup sa communication sur cette convivialité.

Comme l’indique Aïda-Marie Sall dans son article sur la libération du cheveu afro, « l’un des principes fondateurs du mouvement nappy est de permettre aux personnes qui l’embrassent de se sentir en accord avec leur identité et d’être dans le respect de leur naturalité. Plus question dès lors qu’on adopte cette posture, de consommer des produits de cosmétiques capillaires néfastes ou inadaptés pour les cheveux crépus et frisés ».  Fière d’être noire, la Nappy girl est Natural & Happy !

Les puristes trouveront donc très discutable le choix du nom « NappyMe » pour une application qui fait largement la promotion des tissages et défrisages dans ses visuels.  Même le logo représente une silhouette au nez pointu et aux longs cheveux lisses… pas Nappy du tout !

D’où la suspission de ‘nappywashing’ qui plane sur cette application.  Une (im)posture plus qu’un réel partage des valeurs nappy.  Un peu comme ces entreprises qui se parent des codes du développement durable juste pour être dans l’air du temps, sans pour autant faire un réel travail sur leur impact écologique.  Du ‘greenwashing’.  Du marketing.

Chez NappyMe, Ange Bouable nous indique toutefois qu’il faut davantage prendre le terme nappy dans sa traduction littérale signifiant ‘crépus’.   En effet, « NappyMe s’adresse à la communauté afros et aux coiffures afros qui ne se limitent pas au port de l’Afro libre mais à un plus grand nombre de coiffures, sans exception ».

 

  • Les personnes intéressées peuvent d’ores et déjà devenir membres de la communauté NappyMe et profiter des avantages du réseau en s’inscrivant en ligne sur www.nappyme.com

 

USA: une licence pour faire des tresses

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Aux Etats Unis, des centaines de coiffeuses originaires d’Afrique subsaharienne spécialisées dans le tressage se mobilisent contre une récente législation les obligeant à suivre une formation jugée trop longue et trop onéreuse.

Il y a les « pour »…

Désormais, dans  une quarantaine d’états, toute tresseuse devra être titulaire d’une licence sous peine de se voir infliger des amendes allant jusqu’à 2500 USD par infraction. Cette licence, créée  sous la pression des lobbys du secteur de la coiffure, a pour but d’encadrer la qualité de la technique et les normes d’hygiène des praticiennes.  Les tresseuses sont donc, en toute équité, soumises aux mêmes normes que les toutes les coiffeuses et les esthéticiennes.

Augmenter le niveau qualitatif d’un secteur grâce à la formation est une bonne chose en soi.  En effet, la pratique n’est pas sans risque car le tressage peut provoquer des allergies de contact (mèches synthétiques) et des alopécies dues à la traction exercée sur les cheveux et à l’impossibilité de nettoyer ses cheveux sous les tresses et les tissages.

… mais il y a aussi les « contre »!

Rassemblées en collectifs (notamment Braiding Freedom), les coiffeuses s’organisent et montent au créneau.  Leurs avocats ont déjà réussi à faire supprimer ou « alléger » l’octroi de cette licence dans certains états (Washington, New-York, Utah, Arkansas) en avançant plusieurs arguments.

  • La sécurité : le tressage est un acte simple, sûr. Les tresseuses n’utilisent pas de produits chimiques défrisant ou colorant.  Elles ne mouillent même pas les cheveux des clientes.
  • La culture : le tressage est une pratique traditionnelle, transmise de génération en génération dès le plus jeune âge. Le moment du tressage crée aussi du lien social, c’est un moyen de passer un moment convivial entre femmes : on rigole, on discute des heures durant.
  • L’expérience : il n’existe pas de système de VAE (validation des acquis par l’expérience) qui permettrait à celles pouvant prouver une pratique de plusieurs années de bénéficier automatiquement de la licence.
  • Le cout et la durée des études pour obtenir cette licence sont jugés excessifs. Selon les états, cela varie entre 40h et 2ans et le minerval de certaines écoles privées peut aller jusque 20000usd.
  • Le niveau scolaire : souvent, ces licences exigent l’équivalent d’un diplôme d’une école américaine. De nombreux immigrants africains n’ont tout simplement pas la maîtrise de la langue et ce niveau d’éducation.